Communiqué de l'IIF à la COP30

Honorables Excellences, Mesdames et Messieurs les Délégué·es,

 

Notre présence ici à la COP30, dix ans après l’adoption de l’accord de Paris, nous rappelle à la fois l’extraordinaire engagement pris en 2015 et l’urgence qui caractérise désormais notre action. Seule organisation scientifique intergouvernementale au monde vouée aux technologies du froid et des pompes à chaleur, l’Institut international du froid réaffirme son soutien résolu aux efforts mondiaux visant à maintenir la limite de +1,5 °C.

 

Le froid et les pompes à chaleur sont bien plus que des technologies : ce sont des infrastructures critiques, essentielles à la sécurité alimentaire, à la santé publique, au bien-être humain et à la résilience économique. Ils jouent également un rôle central dans l’équation climatique. Le froid représente déjà environ 20 % de la consommation mondiale d’électricité et, sans une action rapide, cette demande aura doublé en 2050. Dans le même temps, des centaines de millions de pompes à chaleur sont nécessaires de toute urgence pour remplacer les solutions de chauffage à base de combustible fossile et permettre un confort aussi bien écologique qu’efficace.

 

À l’heure actuelle, 12 % de pertes de production alimentaire mondiale est encore perdue faute d’une chaîne du froid adaptée, des pertes qui permettraient pourtant de nourrir près d’un milliard de personnes. À mesure que les températures mondiales s’élèvent et que la population augmente, la demande de refroidissement va s’accélérer, renforçant la vulnérabilité des populations aux vagues de chaleur et menaçant les progrès en matière de santé et de développement.

 

Alors que nous réfléchissons à une décennie d’application de l’accord de Paris, il est évident que la réalisation de ses objectifs nécessite non seulement d’avoir de l’ambition, mais aussi d’être cohérent. Fort de 118 ans de coopération internationale, l’IIF est intimement convaincu qu’une transition juste vers un froid durable accessible à toutes et tous ne peut prendre forme que grâce à la collaboration de l’ensemble des acteurs du secteur du froid, soutenue par des décisions politiques fondées sur des connaissances scientifiques indépendantes et impartiales.

 

Cependant, cette collaboration doit aller de pair avec une gouvernance coordonnée. La fragmentation des responsabilités entre les ministères et les secteurs compromet la réalisation des objectifs en matière d’environnement et de santé. Les approches déconnectées entraînent de l’inefficacité, des synergies manquées et des politiques qui ne tiennent pas compte de la complexité du monde réel.

 

Pour respecter nos engagements communs, il nous faut des stratégies intégrées qui relient les systèmes de l’agriculture, de l’énergie, du transport, de la santé et de l’environnement, en parfaite adéquation avec l’approche « Une seule santé », qui reconnaît l’interdépendance entre les êtres humains, les animaux et les écosystèmes.

 

C'est pourquoi l’IIF appelle tous les gouvernements à mettre en place des plateformes nationales interinstitutionnelles afin de coordonner les efforts pour une durabilité du froid et des pompes à chaleur dans toutes leurs applications. Seule une gouvernance cohérente permettra aux pays d’accélérer la transition vers des technologies écoénergétiques, de généraliser l’utilisation de frigorigènes à faible PRP et de mettre en place des chaînes du froid résilientes qui préservent les moyens de subsistance, renforcent les systèmes de santé et améliorent la sécurité alimentaire.

 

Dix ans après Paris, la leçon à tirer est claire : nous ne pouvons respecter nos engagements climatiques qu’en considérant le froid et les pompes à chaleur durables comme des piliers centraux de la résilience et de l’action climatique.

 

L’IIF reste déterminé à aider l'ensemble des pays à mettre en œuvre leurs CDN grâce à un accompagnement scientifique, au renforcement des capacités et à des solutions sur mesure qui répondent aux priorités de chacun.

 

Tenir les engagements pris à Paris exige de faire du froid et des pompes à chaleur durables une priorité. C’est à cette condition que les pays pourront agir de façon décisive et construire un avenir résilient et sain pour les générations futures.

 

Merci.