Édito de la RIF : Le solaire, une énergie d'avenir pour le froid

Le froid solaire devrait devenir un moyen de faire du conditionnement d'air plus propre et de développer des chaînes du froid pour l'alimentation et les produits de santé là où elles sont encore déficientes. Nous devons accompagner ce développement tout en continuant à améliorer la technologie, notamment par un abaissement des coûts et une bonne prise en compte du stockage d'énergie.

À cause du réchauffement climatique et du rôle majeur que jouent la production et l'utilisation d'énergie dans l'émission de gaz à effet de serre, un tournant est en train de se produire dans le monde. Les énergies traditionnelles que sont le charbon et le pétrole sont amenées à décliner fortement. Le gaz, moins polluant, pourra se maintenir, dès lors qu'il se transforme profondément (biométhane, production d'hydrogène). Le nucléaire semble devoir stagner. Les énergies renouvelables, notamment le solaire, entament une croissance rapide et devraient bientôt devenir des énergies de référence. Cela concerne très directement le secteur du froid. Deux technologies existent: le solaire thermique, transformant directement la chaleur du soleil en froid, grâce à un système à absorption/adsorption ; le solaire photovoltaïque transformant la chaleur en électricité alimentant un équipement frigorifique classique à compression de vapeur. Les deux systèmes existent mais le second se développe beaucoup plus pour des raisons de coût, les panneaux photovoltaïques étant de moins en moins chers.

 

L'IIF s'est penché depuis longtemps sur ces technologies, parce qu'elles peuvent être considérées comme « propres » et bien adaptées à des climats chauds et à des lieux isolés sans réseau électrique fiable, ce qui est souvent le cas dans les pays en développement. L'IIF a publié dès les années 90 un guide technique et une note d'information sur le froid solaire, il a parrainé des conférences ; au vu de l'impulsion donnée par l'accord de Paris en 2015 et de quelques réalisations réussies, l'IIF a publié une nouvelle Note d'Information en 2017 et vient de l'actualiser fin 2020. Cette note est disponible sur le site de l'IIF (https://iifiir.org/en/iir-informatory-notes). Il vient de publier sur son site un nouveau guide technique rédigé par l'un de ses membres. L'IIF a intégré plus de 700 documents sur le froid solaire dans sa base de données Fridoc. Mais aussi, au-delà de cet effort d'information, l'IIF a décidé de devenir un acteur engagé dans des projets concrets de développement. L'IIF a signé en septembre 2020 un accord de partenariat avec l'Alliance Solaire Internationale (ISA), nouvel organisme intergouvernemental créé en 2015 lors de la Conférence des Parties sur le changement climatique à Paris, à l'initiative de l'Inde et de la France. Plusieurs membres de l'IIF ont été nommés dans le groupe d'experts de l'ISA chargé d'évaluer les projets de froid solaire à financer dans les pays en développement, que j'ai été chargé de coprésider.

 

Des projets sont en cours de montage et en attente de financement, associant l'ISA et l'IIF.

 

Le froid solaire devrait devenir un moyen de faire du conditionnement d'air plus propre et de développer des chaînes du froid pour l'alimentation et les produits de santé là où elles sont encore déficientes. Nous devons accompagner ce développement tout en continuant à améliorer la technologie, notamment par un abaissement des coûts et une bonne prise en compte du stockage d'énergie.

 

Voilà un défi concret, immédiat et pour l'avenir, pour nous tous.

 

Didier Coulomb
Directeur Général de l'IIF