Editorial de Mme Sylvie Lemmet

L'industrie du froid et du conditionnement d'air est remarquable de par sa contribution au développement durable ainsi qu'aux « Objectifs du Millénaire pour le Développement » des Nations Unies. La conservation des denrées périssables et des médicaments a permis de réduire la pauvreté et de protéger la santé humaine. L'augmentation de l'espérance de vie et l'éradication à venir de maladies telles que la polio n'auraient pas été possibles sans le froid. Dans le même temps, la productivité et la qualité de vie n'auraient pu être améliorées sans le maintien de conditions de travail de qualité grâce aux technologies du conditionnement d'air. L'industrie du froid et du conditionnement d'air a aussi prouvé sa capacité à relever les défis de l'environnement, en particulier celui de la protection de la couche d'ozone. Le secteur du froid a su saisir dans l'élimination des CFC - imposée par le Protocole de Montréal - une opportunité d'innover, tout en relevant ce défi. Avant l'entrée en vigueur du Protocole, environ 40% du million de tonnes de CFC utilisées chaque année au niveau mondial l'étaient par ce secteur. A ce moment, seuls quelques spécialistes et quelques gouvernements étaient optimistes quant à la possibilité de développement de la technologie du froid pour parvenir à relever le défi de l'élimination effective de l'utilisation des CFC. Cependant, au cours des 15 dernières années, cette industrie a entamé une révolution technologique par des travaux innovants concernant la détection des fuites, le confinement, de meilleures pratiques, la récupération, le recyclage et la réduction des charges initiales en frigorigène. Cette industrie a mené une évolution continuelle vers des solutions plus durables en passant des CFC aux HCFC (fluides de transition) puis aux hydrocarbures, au CO2 et aux technologies de substitution. Maintenant, à la veille du 20e anniversaire du Protocole de Montréal et du 10e anniversaire du Protocole de Kyoto, le monde reconnaît les liens importants entre l'appauvrissement de l'ozone et les changements climatiques, mais également le fait que l'industrie du froid est au cœur de ces deux phénomènes. Une récente étude a confirmé la contribution immense du Protocole de Montréal à l'atténuation des changements climatiques.1 Par l'élimination progressive des CFC, HCFC et autres produits chimiques au titre du Protocole de Montréal, plus de 5 Gigatonnes d'équivalent CO2 ont déjà été éliminées représentant plus de 25% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) depuis 1990. Ceci correspond à 5 fois l'objectif de réduction des GES au titre du Protocole de Kyoto. L'industrie du froid a joué un rôle majeur dans ce résultat et doit maintenant faire preuve de la même détermination vis-à-vis du grand défi à venir : les changements climatiques. Le frigorigène HCFC-22 a jusqu'à présent été utile à la mise en œuvre du Protocole de Montréal. Cependant, la consommation de ce fluide augmente actuellement au rythme de 20 à 35% par an dans les pays en développement. Un partenariat mondial pour la coopération technologique entre pays développés et pays en développement est nécessaire pour développer et déployer des technologies alternatives aux HCFC et HFC et pour améliorer l'efficacité énergétique des équipements de froid et de conditionnement d'air (l'efficacité de ces équipements étant beaucoup plus élevée dans les pays développés). L'industrie du froid a eu une attitude responsable face aux changements auxquels elle a été confrontée. Elle devra avoir cette même attitude vis-à-vis d'autres changements : les changements climatiques. La capacité d'innovation technologique de ce secteur doit encore être utilisée pleinement et j'encourage l'industrie à se mobiliser pour faire face à ce défi. Sylvie Lemmet, Directrice de la Division Technologie, Industrie et Economie, PNUE