Le dernier rapport du GIEC prévoit un risque accru de canicules

Le rapport du GIEC publié en février 2022 met en évidence plusieurs risques liés à  la hausse des températures, tels que l'augmentation des vagues de chaleur et la hausse de la demande en énergie pour le conditionnement d’air. 

Le 28 février 2022, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié un rapport sur les impacts du changement climatique, l'adaptation et la vulnérabilité.[1] Le rapport met en évidence plusieurs risques inhérents à la hausse des températures, notamment le fait que le changement climatique fera augmenter le nombre de personnes exposées aux vagues de chaleur et amplifiera les risques d'épisodes de chaleur extrême dans les villes. Par exemple, les modèles indiquent qu'entre 2 °C et 3 °C de réchauffement, 16 fois plus de personnes seraient exposées aux vagues de chaleur, et 36 fois plus à 4 °C, entraînant un risque grave de mortalité liée à la chaleur. 

 

Afrique 

 

En Afrique, les risques liés à la chaleur extrême auront des répercussions importantes sur le développement économique et les pertes humaines. Avec 1,6 °C de réchauffement climatique, l'Afrique de l'Ouest connaîtra chaque année entre 50 et 150 jours durant lesquels les seuils de chaleur potentiellement mortels seront atteints.  

Dans des scénarios de croissance démographique relativement faible, la population sensible (personnes de moins de 5 ans ou de plus de 64 ans) exposée à des vagues de chaleur d'au moins 15 jours au-dessus de 42 °C dans les villes africaines devrait passer d'environ 27 millions en 2010 à 360 millions d'ici 2100 pour un réchauffement climatique de 1,8 °C et à 440 millions pour un réchauffement climatique supérieur à 4 °C. [3] 

 

Asie 

 

Les pays asiatiques connaissent un climat estival plus chaud, ce qui entraîne une augmentation de la demande en énergie pour le refroidissement. [4] En Asie, ce sont les populations pauvres des villes qui souffriront le plus de la chaleur extrême. Par exemple, avec 1,5 °C de réchauffement climatique, la ville de Kolkata, en Inde, connaîtra chaque année une chaleur équivalente aux vagues de chaleur record de 2015. Avec 2 °C de réchauffement climatique, Karachi, au Pakistan, connaîtra les mêmes épisodes de chaleur annuels. 

Le GIEC a noté que la survenue de chaleurs extrêmes est très probablement en augmentation dans toute la région. Dans un scénario de 4 ℃ de réchauffement climatique en 2100, les températures maximales quotidiennes devraient dépasser les limites de la capacité de survie humaine dans la majeure partie de l'Asie du Sud. 

 

Amérique centrale et du Sud 

 

En Amérique centrale et en Amérique du Sud, le stress thermique est déjà une préoccupation. Entre 2016 et 2020, la plupart des pays ont déjà connu entre 0,8 et 15,2 jours supplémentaires d'exposition aux vagues de chaleur par rapport au passé. Les extrêmes de chaleur sont appelés à augmenter en fréquence, en intensité et en durée. Avec un réchauffement climatique de 2°C, la plus longue vague de chaleur annuelle durera plus de 60 jours de plus que dans un scénario de 1,5°C de réchauffement climatique. 

 

Amérique du Nord 

 

En Amérique du Nord, les vagues de chaleur sur terre et dans l'océan ainsi que les incendies de forêt devraient s'intensifier, et la mortalité et la morbidité liées à la chaleur devraient également augmenter. [6] Selon une étude publiée dans la revue American Geophysical Union, la demande de conditionnement d’air dans les ménages américains devrait augmenter de 8 % à 1,5 °C de réchauffement planétaire, et de 13 % après le seuil de 2,0 °C, par rapport à la situation de référence (2005-2019). [7] 

 

Europe [5] 

 

Les vagues de chaleur risquent de devenir une menace majeure dans le sud de l’Europe, mais aussi pour les villes d'Europe centrale occidentale et d'Europe de l'Est. Avec un réchauffement climatique de 2 °C, la moitié de la population européenne sera soumise à un risque très élevé de stress thermique en été. 

Si des mesures d'adaptation adéquates ne sont pas appliquées, les bâtiments très isolés, en conformité avec les normes de construction actuelles, seront vulnérables à la surchauffe. Dans le sud de l’Europe, la demande en énergie pour le refroidissement devrait augmenter de 81 à 104 % d'ici 2035 et de 91 à 244 % après 2065 par rapport à la période 1961-1990. Dans le nord de l’Europe, l'augmentation serait de 31 à 73 % d'ici 2050 et de 165 à 323 % d'ici 2100 par rapport à la période 1996-2005. 

 

 

Sources 

[1] IPCC Sixth Assessment Report, Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability. https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-ii/ 

[2] Latest IPCC report highlights urgent need for sustainable cooling. https://www.seforall.org/news/latest-ipcc-report-highlights-urgent-need-for-sustainable-cooling 

[3] IPCC Sixth Assessment Report. Fact sheets. Africa. https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/downloads/outreach/IPCC_AR6_WGII_FactSheet_Africa.pdf 

[4] IPCC Sixth Assessment Report. Chapter 10 Asia. https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/downloads/report/IPCC_AR6_WGII_FinalDraft_Chapter10.pdf 

[5] IPCC Sixth Assessment Report. Chapter 13. Europe. https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/downloads/report/IPCC_AR6_WGII_FinalDraft_Chapter13.pdf 

[6] IPCC Sixth Assessment Report. Chapter 13. North America. https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/downloads/report/IPCC_AR6_WGII_FinalDraft_Chapter14.pdf 

[7] Obringer, R., Nateghi, R., Maia‐Silva, D., Mukherjee, S., Cr, V., McRoberts, D. B., & Kumar, R. (2022). Implications of increasing household air conditioning use across the United States under a warming climate. Earth's Future, 10(1), e2021EF002434. https://doi.org/10.1029/2021EF002434