Le GNL, pilier de la diversification de l’approvisionnement en gaz de l’UE

Compte tenu du contexte géopolitique, l’UE a présenté un plan visant à éliminer progressivement sa dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles en provenance de Russie bien avant 2030 et en particulier à réduire ses importations de gaz russe de deux tiers avant la fin de l’année, en s’appuyant principalement sur le GNL.    

Ainsi que le souligne l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) (1), la dépendance de l'Europe à l'égard du gaz naturel importé de Russie a de nouveau été mise en évidence par le contexte politique de ces dernières semaines. 

 

Dans ce contexte, l'Union Européenne a proposé le 8 mars dernier REPowerEU, un plan pour rendre l'Europe indépendante des énergies fossiles russes, à commencer par le gaz, bien avant 2030. (2) 

REPowerEU vise à renforcer la résilience du système énergétique de l’UE et, en premier lieu, à diversifier ses sources d'approvisionnement en gaz naturel grâce à une augmentation des importations de GNL et des importations par gazoduc provenant de fournisseurs non russes, ainsi qu'à accroître le recours au biométhane et à l'hydrogène renouvelable. (3) 

L'UE importe 90 % de sa consommation de gaz (2). En 2021, l'UE a importé 155 milliards de m3 (mmc) de gaz naturel de Russie, dont environ 15 mmc ont été livrés sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) (1). 

Le gaz en provenance de Russie représente environ 45 % des importations de gaz de l'UE. Ces dernières années, ce chiffre s'est situé en moyenne à 40 % environ. Les autres principaux fournisseurs de gaz de l'UE étaient la Norvège (23 %), l'Algérie (12 %), les États-Unis (6 %) et le Qatar (5 %). (3) 

Grâce notamment à l'accroissement de la capacité d'interconnexion gazière, ces derniers mois, la Commission Européenne a pu s’engager auprès de divers partenaires du monde entier afin de diversifier l'approvisionnement en gaz par gazoduc ou sous forme de GNL. Parmi ces pays figurent les États-Unis, la Norvège, le Qatar, l'Azerbaïdjan, l'Algérie, l'Égypte, la Corée, le Japon, le Nigeria, la Turquie et Israël. Cela a débouché sur l'importation de volumes record de GNL en janvier et en février 2022. L'UE a la capacité d'importer 50 mmc supplémentaires de GNL sur une base annuelle. La Commission Européenne souligne l'importance de diversifier encore davantage les fournisseurs et les infrastructures, d'accélérer les projets déjà planifiés et d'examiner quelles autres nouvelles infrastructures revêtant une forte dimension transfrontière et compatibles avec l'hydrogène seraient nécessaires. (3) 

La CE estime qu’avant même la fin de l'année, REPowerEU pourrait entraîner une baisse de la demande en gaz de l'UE d’un volume équivalant aux deux tiers des importations de gaz russe de l'an dernier. (3) 

La CE encourage également le déploiement accéléré du solaire, de l'éolien et des pompes à chaleur. Ainsi, elle propose également de déployer 10 millions de pompes à chaleur au cours des cinq prochaines années pour aider les familles européennes à réduire leur dépendance au gaz et à faire baisser leurs factures énergétiques. (3) 

 

Pour sa part, l'AIE a publié le 3 mars le "Plan en 10 points pour réduire la dépendance de l'Union européenne au gaz naturel russe". (4) 

Selon l'AIE, prises ensemble, ces mesures pourraient réduire, d'ici un an, les importations de gaz russe de l'Union européenne de plus de 50 mmc, soit plus d'un tiers, avec des options temporaires supplémentaires pour accroître ces réductions à plus de la moitié. Cela tient compte de la nécessité d'un remplissage supplémentaire des installations européennes de stockage de gaz en 2022. (4) 

Les principales actions recommandées dans le plan en 10 points de l'AIE consistent à ne pas signer de nouveaux contrats gaziers avec la Russie ; maximiser les approvisionnements en gaz provenant d'autres sources ; accélérer le déploiement du solaire et de l'éolien ; tirer le meilleur parti des sources d'énergie existantes à faibles émissions, telles que le nucléaire et les énergies renouvelables ; accélérer le remplacement des chaudières à gaz par des pompes à chaleur et intensifier les mesures d'efficacité énergétique dans les foyers et l'industrie. (4) 

L'augmentation des importations de GNL constitue également pour l'AIE l'option la plus efficace, puisque l'UE pourrait théoriquement augmenter les entrées de GNL à court terme d'environ 60 mmc, par rapport aux niveaux moyens en 2021. Cependant, compte tenu des prix à terme actuels et de l'équilibre entre l'offre et la demande de GNL, l'AIE a pris en compte dans son plan une augmentation de 20 mmc des importations de GNL de l'UE au cours de l'année prochaine. (4) 

Le plan en 10 points est conforme aux ambitions climatiques de l'UE et au pacte vert européen et bon nombre des actions recommandées dans ce plan sont des éléments clés de la feuille de route Zéro Emission Nette d'ici 2050 de l'AIE, dans laquelle l'UE élimine totalement le besoin d'importation de gaz russe avant 2030. (4) 

 

 

Sources :

[1] https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_22_1511  

[2] https://www.iea.org/news/how-europe-can-cut-natural-gas-imports-from-russia-significantly-within-a-year  

[3] https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/QANDA_22_1512   

[4] https://www.iea.org/reports/a-10-point-plan-to-reduce-the-european-unions-reliance-on-russian-natural-gas  

 

Autre source :

https://www.nytimes.com/2022/03/25/business/energy-environment/biden-europe-lng-natural-gas.html