Données récentes sur l’impact des HFC sur le changement climatique

L’UE signale que les émissions d’hydrofluorocarbures (HFC) relatives aux applications du froid et du conditionnement d’air (RAC) ont diminué pour la quatrième année consécutive depuis 2014. À l’échelle mondiale, l’impact des HFC sur le changement climatique est actuellement limité : les HFC contribuent à hauteur de 1% du forçage radiatif de l’ensemble des gaz à effet de serre. Néanmoins, ce chiffre va probablement augmenter continuellement compte tenu de la durée de vie relativement longue de certains HFC.

Les émissions de HFC dans l’UE

 

L’inventaire annuel des gaz à effet de serre (GES) est la source de données officielle pour les émissions de GES dans l’Union européenne (UE). L’inventaire des GES de l’UE est préparé par la Commission européenne, en étroite collaboration avec l'Agence européenne pour l'environnement (AEE). L’inventaire est une compilation des inventaires nationaux des États membres de l’UE, dans le cadre de la CCNUCC et du protocole de Kyoto. Les émissions de GES sont rapportées pour les années comprises entre 1990 et 2 ans avant l’année en cours. En raison de ce décalage, l’inventaire de 2020 présente les chiffres de 2018.

 

Les gaz fluorés (gaz F), pour la plupart des HFC, représentaient 2,6 % des émissions totales de GES en 2018. Les émissions de gaz F se sont élevées à 111 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2018. Le secteur du froid et du conditionnement d’air (RAC) représente la principale source d’émissions de HFC, responsable de 89 % des émissions de HFC dans les pays de l’UE-27 et le Royaume-Uni. D’autres secteurs incluent les aérosols, les mousses, la protection incendie, la production fluorochimique et les solvants.

 

Les émissions de HFC du RAC ont diminué pour la quatrième année consécutive depuis 2014. [1] Cette baisse continue est la conséquence de la politique de réduction progressive des HFC et du système de quotas annuels alloués aux producteurs et importateurs de gaz F conformément à la réglementation de l’UE sur les gaz F. Les émissions de HFC du RAC ont diminué de 7 % en 2018 par rapport à 2017, soit une baisse de 6 millions de tonnes équivalent CO2. La France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni étaient responsables de 55 % des émissions de HFC provenant du RAC (en prenant en compte les pays de l’UE-27 plus le Royaume-Uni et l’Islande).

 

L’adoption de HFC à PRP plus faibles contribue à la réduction des émissions de HFC. Par exemple, lorsqu’on examine les frigorigènes importés dans les équipements RAC, le HFC-32 est en progression avec son PRP de 675, contrairement au R410A qui a un PRP plus élevé de 2088. Les HFC les plus courants sont le HFC-32, le HFC-125, le HFC-134a et le HFC-143a, utilisés purs (dans le cas du HFC-32 et du HFC-134a) ou dans des mélanges. [2]

 

D’autre part, le commerce illégal de HFC pourrait saper les efforts de l’UE pour réduire les émissions de HFC. Selon le Comité technique européen des fluorocarbures (EFCTC), le trafic illégal de HFC pourrait représenter jusqu’à 34 millions de tonnes équivalent CO2. [3]

 

Mesures atmosphériques des concentrations de HFC à l’échelle mondiale

 

Les changements dans les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère affectent le forçage radiatif, c’est-à-dire la capacité de tous les gaz à effet de serre à emprisonner la chaleur dans l’atmosphère, mesurée en watts par mètre carré (Wm−2). [4] Figurant parmi les cinq principaux gaz à effet de serre, la contribution à l’augmentation du forçage radiatif du CO2 à lui-seul était de 60,6 % en 2019, selon l’indice annuel des gaz à effet de serre (AGGI). [5]

 

En comparaison, la contribution des HFC au forçage radiatif est actuellement limitée. Selon l’Organisation météorologique mondiale, le forçage radiatif total des HFC en 2016 était de 0.03 W m-2, ce qui représente 1,0 % des 3 W m−2 produits par tous les gaz à effet de serre à longue durée de vie réunis, y compris le CO2, le CH4, le N2O et les halocarbures. [6]

 

Une étude récente a examiné les données de la littérature et produit un ensemble complet de calculs pour estimer le forçage radiatif actuel (en 2014/2019) pour 40 des halocarbures et autres composés connexes les plus courants (CFC, HCFC, HFC, halons, HFO, PFC, etc.) [7] Selon leurs calculs, le forçage radiatif actuel dû aux halocarbures est de 0,38 [0,33 à 0,43] W m-2. Ils ont estimé que le forçage radiatif actuel dû aux HFC est de 0.037 W m-2 (plus exactement 37,26 mW m-2). En comparaison, ils ont trouvé que le forçage radiatif actuel dû au CO2 est de 2,09 W m-2.

 

Bien qu’actuellement limitée, la contribution des HFC au changement climatique devrait augmenter continuellement dans un futur proche, notamment en raison de la durée de vie relativement longue de certains HFC, comme présenté dans le tableau 1. Par exemple, le HFC-23 a une durée de vie de 228 ans. [6] En comparaison, le CH4 émis aujourd’hui durerait 12,4 ans dans l’atmosphère [6], le N2O durerait 123 ans [6] et le CO2 durerait des milliers d’années [8].

Tableau 1. Durée de vie atmosphérique et estimations du forçage radiatif pour les HFC les plus abondants dans l’atmosphère (adapté de [6] et [7])

 

 

Sources:

[1] EU greenhouse gas inventory. https://www.eea.europa.eu/ds_resolveuid/TYURI0AOS7

[2]  EEA. Fluorinated greenhouse gases 2019. https://www.eea.europa.eu/ds_resolveuid/1I6JH0G8QK

[3] https://www.fluorocarbons.org/mediaroom/eu-reports-decreasing-hfc-emissions-for-fourth-year/

[4] https://www.epa.gov/climate-indicators/climate-change-indicators-climate-forcing

[5] Butler, J. H., and S. A. Montzka (2020), The NOAA Annual Greenhouse Gas Index (AGGI). https://www.esrl.noaa.gov/gmd/aggi/aggi.html

[6] Scientific assessment of ozone depletion: 2018. World Meteorological Organization. https://ozone.unep.org/science/assessment/sap

[7] Hodnebrog, Ø., et al. "Updated global warming potentials and radiative efficiencies of halocarbons and other weak atmospheric absorbers." Reviews of Geophysics (2020). https://doi.org/10.1029/2019RG000691

[8] https://www.epa.gov/climateleadership/atmospheric-lifetime-and-global-warming-potential-defined