En route vers la COP28 : Efficacité énergétique, l’enjeu clé du froid durable en Afrique

Selon Francis Sempore, directeur du CEREEC, l’efficacité énergétique constitue un point clé de la durabilité qu’il est important de promouvoir, financer et soutenir en Afrique de l’Ouest par la mise en œuvre de programmes et de projets régionaux. 

En route vers la COP28 : l’IIF donne la parole aux experts sur le froid durable

 

Comme l'indique le Programme des Nations Unies pour l'Environnement, le secteur du froid devient une priorité mondiale. Le froid durable sera au cœur de la COP28 et constituera l’une des solutions clés pour lutter contre le changement climatique.L'IIF s'associera à la Cool Coalition du PNUE et à plusieurs autres organisations pour promouvoir le froid durable dans le cadre d’un rapport intitulé "Global Cooling Stocktake report".

À l'approche de la COP28, l'IIF présente dans sa newsletter mensuelle les points de vue d'experts sur la durabilité dans divers domaines du froid.

 

 

Francis Semporé, directeur exécutif du CEREEC (Centre pour les Énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de la CEDEAO), souligne que dans le contexte spécifique des 15 pays membres de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), l’efficacité énergétique constitue un point clé de la durabilité dans le secteur du froid. Par ailleurs, le nexus énergie-eau-alimentation* constitue également un sujet d’intérêt en lien avec la durabilité dans le secteur. Enfin, le développement de la finance climat/verte doit soutenir les initiatives relatives à cette durabilité.  

 

*Le nexus énergie-eau-alimentation.  

L’eau, l’alimentation et l’énergie forment un lien au cœur du développement durable. L'agriculture est le plus grand consommateur de ressources en eau douce de la planète, et l'eau est utilisée pour produire certaines formes d'énergie. La demande pour ces trois produits augmente rapidement. Pour résister aux pressions actuelles et futures, les gouvernements doivent assurer une gestion intégrée et durable de l’eau, de la nourriture et de l’énergie afin d’équilibrer les besoins des personnes, de la nature et de l’économie. 

 

Pour faire le point sur les énergies renouvelables 

 

 

Durabilité : priorités et obstacles 

 

M. Semporé estime que les priorités à fixer pour parvenir à la durabilité sont :  

  • la promotion de l’efficacité énergétique ; 
  • l’intégration des énergies renouvelables ; 
  • le renforcement de capacités des différents acteurs intervenant dans le secteur du froid et dans les domaines connexes ; 
  • la mobilisation des ressources pour soutenir des programmes et projets à fort impact socio-économique : financements innovants, activités génératrices de revenus à travers la promotion de PME et d’industries intervenant dans le secteur du froid. 

 

La question des financements fait partie des priorités car c’est aussi un obstacle à surmonter pour pouvoir mettre en œuvre des programmes et projets régionaux à travers des agences dédiées à l’image du CEREEC. Il est également important de renforcer les cadres institutionnels et réglementaires, ainsi que les capacités des différents acteurs. 

 

Des technologies clés sur la voie de la durabilité 

 

Dans le contexte spécifique des 15 pays de la CEDEAO, des directives concernant l’utilisation d’appareils efficaces édictées par la CEDEAO et l’Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA) sont en cours d’exécution et quelques pays ont mis en place des dispositifs d’étiquetage énergétique. Toutefois, il existe une faiblesse des systèmes de mesurage et de vérification des économies réalisées. 

L’UEMOA et ses 8 pays membres (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) ont adopté l’étiquetage énergétique des appareils électroménagers, projet mis en œuvre dans le cadre du Programme régional d’amélioration de l’efficacité énergétique. [1] Une norme régionale d’étiquetage énergétique et une étiquette énergétique des réfrigérateurs ont été adoptées. La Directive n° 04/2020/CM/UEMOA du 26 juin 2020, portant sur l’étiquetage énergétique des lampes électriques et des appareils électroménagers neufs dans les États membres de l’UEMOA, a été publiée. [1] 

 

Quels sont les moteurs d’une mise en œuvre réussie dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ? 

 

Des initiatives régionales conduites par des agences dédiées, à l’image du CEREEC, de concert avec les pays membres et avec la participation des différentes entités (Énergie, Environnement…) permettront un déploiement efficace de l’étiquetage énergétique et des mécanismes associés dans les 15 pays membres de la CEDEAO. Ces initiatives sont conduites dans une synergie d’action avec la Direction en charge de l’Énergie de l’UEMOA pour assurer une efficience des actions menées par les Commissions de la CEDEAO et de l’UEMOA. 

 

Le CEREEC est chargé de promouvoir les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique dans les 15 pays de la CEDEAO. À l’initiative du CEREEC, plusieurs politiques énergétiques durables ont été élaborées. Il s’agit notamment de politiques régionales sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, l’intégration de la dimension de genre dans l’énergie, la bioénergie et, plus récemment, l’hydrogène vert. Le CEREEC vise à transformer ces politiques en programmes et projets concrets sur le terrain, afin d’améliorer de manière significative la vie des populations rurales et urbaines d’une part et d’accroître la compétitivité des entreprises et des industries d’autre part. 

 

 

[1] Fiche technique PRISME. Réfrigération efficace. https://iifiir.org/en/fridoc/prisme-data-sheet-efficient-refrigeration-146729  

 

 

Biographie de Francis Semporé

Directeur exécutif du CEREEC. 

M. Semporé possède une riche expérience dans le secteur de l’énergie. Avant de rejoindre le CEREEC, il travaillait au Secrétariat général du Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain (EEEOA) basé à Cotonou (Bénin) en qualité de Chargé de Programme. Auparavant, il a passé près d’une vingtaine d’années à l’Institut international d’Ingénierie de l’eau et de l’environnement (Institut 2iE) à Ouagadougou (Burkina Faso), occupantplusieurs postes à responsabilité (Conseiller du Directeur général en charge du Développement institutionnel, de la prospective et du numérique, Directeur du Technopole, Directeur des Relations internationales, Directeur de la Formation continue et à distance, Directeur du e-Education Center, Responsable de la formation de master spécialisé en Génie énergétique). Avant de rejoindre l’Institut 2iE, M. Semporé a travaillé dans le secteur privé dans les domaines de l’énergie, du conditionnement d’air et du froid industriel en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Il y a occupé les fonctions d’ingénieur d'études, d’ingénieur d’affaires et de responsable d’agence pays.

 

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