Impact de la chaleur intérieure sur la mortalité des personnes âgées

Une équipe de chercheurs a mis au point une modélisation qui permet d’évaluer l’impact de la chaleur intérieure sur l’état de santé des populations, et plus précisément sur la mortalité des personnes âgées de plus de 65 ans. 

Dans une étude parue en décembre dernier dans Environmental Health Perspectives, une équipe de chercheurs récapitule les différentes études corrélant les pics de chaleur et les risques de décès. Les chercheurs ont noté que l’impact de l’exposition à la chaleur intérieure était un paramètre encore peu étudié. Il s’agit pourtant d’une corrélation importante car les personnes âgées, plus vulnérables, passent 80 à 90 % de leur temps chez elles. 

 

Les précédentes études démontrent le rapport entre les pics de chaleur et l’augmentation du nombre d’hospitalisations ou d’appels d’urgence liés aux pics de chaleur (problèmes cardiaques, déshydratation, etc.). Elles indiquent que les enfants, les personnes âgées ou les personnes atteintes de maladies chroniques sont plus vulnérables face à la chaleur. Les décès liés à la chaleur surviennent plus fréquemment au domicile des personnes, et touchent principalement les personnes isolées ou pauvres (Fouillet et al. 2006; Kaiser et al. 2007; Semenza et al. 1996). 
 

Afin de mieux évaluer l’impact de la chaleur intérieure, les chercheurs ont développé une modélisation à partir de données recueillies dans un quartier de la ville de Houston. Leur objectif est de pouvoir proposer un outil qui pourrait être utilisé de manière plus systématique afin de mieux prévenir les risques pour la santé des personnes les plus vulnérables.  

 

Ce modèle croise les données suivantes, collectées entre 2000 et 2015 : 

  • Le nombre de décès, obtenu à partir des certificats de décès fournis par les services de santé du Texas. Ces certificats précisent la cause des décès, 
  • Le nombre d’hospitalisation en urgence, 
  • La concentration d’ozone et les données météorologiques 
  • Un modèle énergétique des bâtiments (à partir de l’outil EnergyPlus, déjà développé par le département américain de l’énergie). Ce modèle permet d’estimer les températures intérieures heure par heure. 

 

Bien que la principale raison d’être de cette étude soit de proposer un outil réutilisable pour prévenir les risques de santé liés à la chaleur, quelques chiffres ont pu être extraits. 
 
Sur les périodes estivales entre 2000 et 2015, et avec des températures intérieures comprises entre 23 et 48.5 °C, les chiffres suivants ont été relevés pour les personnes de plus de 65 ans dans le comté de Harris (Texas) :   

 

Nombre de décès et d'admission à l'hôpital par cause

Cause du décès ou de l'admission Nombre de décès Nombre d'admissions en urgence

Chaleur (incluant des problèmes circulatoires ou respiratoires) 

32 043 

54 152 

Problèmes circulatoires 

24 513 

34 484 

Problèmes respiratoires 

5 806 

14 832 

 

 

Les auteurs concluent que l'impact de la chaleur sur la santé est probablement sous-estimé et qu'il subsiste des lacunes dans les connaissances concernant les seuils de chaleur intérieure et de santé, la vulnérabilité et la capacité d'adaptation. 

  

Leur étude permet de quantifier dans quelles mesures les expositions de courte durée à une forte chaleur intérieure sont associées à une augmentation des effets néfastes sur la santé, en particulier des décès, au sein de la population âgée.  

Des données supplémentaires seront nécessaires pour mieux comprendre la variation des conditions thermiques intérieures, en particulier pour les maisons équipées d’un conditionnement d’air centralisé.