Les progrès récents de l’industrie du GNL en Afrique

L’Afrique devrait augmenter sa contribution à la production mondiale de GNL d’ici 2050. Les infrastructures émergentes et les réglementations propres au gaz laissent présager que la région deviendra un important centre méthanier. 

Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), l’Afrique subsaharienne est l’une des régions à la croissance la plus rapide au monde et devrait devenir la région la plus peuplée d’ici 2023. [1] Naturellement, le continent connaît une forte demande en énergie. La consommation africaine de gaz naturel devrait croître en moyenne de 3,3 % par an, pour atteindre environ 195 milliards de mètres cubes en 2025 et jusqu’à 380 milliards de mètres cubes en 2050. [2] 

 

Africa Oil & Power (AOP), une plate-forme d’investissement pour le secteur énergétique africain, a récemment publié un rapport décrivant les possibilités d’investissement et de développement dans le secteur du gaz naturel liquéfié (GNL) en Afrique. Les auteurs du rapport estiment que le continent pourrait utiliser ses réserves de gaz pour alimenter la croissance socio-économique, ainsi que la transition vers des sources d’énergie plus propres et le développement industriel régional, notamment grâce à l’utilisation du GNL. [2] 

 

Des infrastructures de GNL émergentes en Afrique [2] 

 

La Guinée équatoriale se concentre sur le développement d’un « méga hub gazier », une industrie gazière offshore pour stimuler le commerce régional de GNL et étendre le marché. La Guinée équatoriale a également créé l’initiative « GNL pour l’Afrique » (LNG2Africa), qui donne la priorité au commerce intra-africain par l’approvisionnement en gaz naturel de l’ensemble de la région. 

 

Au premier trimestre 2021, le Ghana deviendra le premier pays d’Afrique subsaharienne à importer du GNL, par l’intermédiaire de son terminal méthanier Tema. Les importations de GNL devraient être essentielles pour stimuler le secteur de la production d’électricité au gaz du pays. [3] En effet, la conversion du GNL en électricité est apparue comme un puissant moteur de durabilité.  Au Ghana, le développement de la centrale « 1000 Power Station » permet l’utilisation du gaz naturel pour la production d’électricité. Le projet, proposé pour une centrale au gaz de 1 300 MW, comprend une centrale électrique à cycle combiné, une infrastructure d’importation de GNL sous la forme d’une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) et un gazoduc allant de la FSRU à la centrale. 

 

Des réglementations spécifiques au gaz pour l’industrie africaine du GNL [2] 

 

Selon les auteurs du rapport de l’AOP, l’industrie africaine du GNL est confrontée à des défis tels que l’obtention de financements et l’absence de cadre réglementaire stable pour le développement du GNL. 

 

Des réglementations favorables aux investisseurs et des politiques productives sont essentielles pour atténuer les défis réglementaires et créer un environnement propice au développement du GNL. En outre, dans de nombreux pays africains, la législation sur l’énergie est encore axée sur l’exploitation du pétrole plutôt que du gaz naturel. Les projets de GNL sont plus susceptibles de décoller si une réglementation spécifique au gaz est mise en œuvre pour clarifier les processus. 

 

Par exemple, l’Angola, deuxième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, a mis en œuvre une loi sur le gaz naturel (décret présidentiel n° 7/18 du 18 mai 2018) pour réglementer l’exploration, la production, la monétisation et la commercialisation du gaz naturel. Les auteurs du rapport de l’AOP estiment que cette loi a considérablement stimulé l’intérêt des investisseurs en offrant des conditions fiscales et d’exploration claires et attractives pour le développement du GNL. 

 

La contribution de l’Afrique dans les prévisions du commerce mondial du GNL [4] 

 

Selon un rapport sur les perspectives mondiales du gaz pour 2050 du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), en 2019, les exportations de gaz naturel en provenance d’Afrique étaient d’environ 95 milliards de m3, dont 62 milliards de m3 (45 mt de GNL) ont été exportés sous forme de GNL par le Nigeria, l’Algérie, l’Angola, l’Égypte, le Cameroun et la Guinée équatoriale. Au total, le continent a fourni 13 % des exportations mondiales de GNL.

 

L’Afrique dispose actuellement d’une capacité de liquéfaction de GNL d’environ 71,1 millions de tonnes par an (MTPA).  Des projets d’expansion de la production africaine de GNL sont en cours dans les pays mentionnés ci-dessus. Par exemple, le Nigéria a signé un prêt d’entreprise pour financer la construction de son septième train de GNL en 2020. [2] Le projet NLNG Train-7 augmentera la capacité de production de GNL de 35 %, passant de 22 MTPA actuellement à environ 30 MTPA, ce qui devrait faire du Nigéria l’un des plus grands pays exportateurs de GNL au monde. Avec plus de 90 MTPA de production de GNL en projet, le Mozambique devrait devenir le premier producteur africain d’ici le milieu des années 2030. 

 

En dépit des retards causés par la COVID-19 et de l’offre excédentaire actuelle du marché, plusieurs projets africains de GNL ont pu avancer. Dans l’ensemble, on estime que la capacité totale de liquéfaction de la région atteindra environ 218,5 MTPA d’ici 2050, soit plus du triple de la capacité d’exportation actuelle de l’Afrique. Par conséquent, la région deviendra un important pôle mondial pour le GNL à long terme. 

 

 

Sources 

[1] IEA (2019), Africa Energy Outlook 2019, IEA, Paris https://www.iea.org/reports/africa-energy-outlook-2019 

[2] Africa LNG Special Report 2021. https://www.africaoilandpower.com/africa-energy-series/ 

[3] https://www.spglobal.com/platts/en/market-insights/latest-news/natural-gas/030521-ghana-gears-up-for-sub-saharan-africas-first-lng-imports 

[4] Gas Exporting Countries Forum. GECF Global Gas Outlook 2050. February 2021. https://www.gecf.org/insights/global-gas-outlook?d=2021&p=1