Rapport 2024 du PNUE sur la réduction des émissions : le rôle clé du froid dans l’atteinte des objectifs

Dans son dernier rapport, le PNUE met en avant le potentiel de réduction des émissions dans divers secteurs, notamment à travers l’efficacité énergétique mesurée dans le secteur du bâtiment.

En octobre 2024, le PNUE a publié son rapport annuel sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, en préparation des négociations annuelles sur le climat lors de la MOP et de la COP. (pour en savoir plus sur la participation de l'IIF à la COP13 et à la MOP36, cliquez ici)

 

Ce dernier rapport rappelle l’échéance à venir (début 2025) pour les pays de soumettre leurs prochaines contributions déterminées au niveau national (CDN), avec des objectifs d’atténuation fixés pour 2035. Pour suivre la voie d’un réchauffement à 1,5 °C, il faudra réduire les émissions de 42 % d’ici 2030 et de 57 % d’ici 2035 [1].

Si les gouvernements ne s’en tiennent qu’aux CDN actuelles, sans nouveaux engagements, le monde devra faire face à la perspective alarmante d’un réchauffement planétaire pouvant atteindre 2,6 °C d’ici la fin du siècle. Même avec la mise en œuvre complète des CDN, tant inconditionnelles que conditionnelles (dépendant d’un appui extérieur), les émissions projetées ne reculeraient que de 10 % à l’horizon 2030, ce qui entraînerait toujours une hausse potentielle des températures de 2,6 °C. En outre, en concentrant uniquement les efforts sur les CDN conditionnelles en vigueur, le réchauffement pourrait atteindre 2,8 °C, tandis qu’en suivant strictement les politiques actuelles, les températures pourraient grimper jusqu’à 3,1 °C. Ces scénarios auraient de graves répercussions sur les populations, les écosystèmes et les économies, nécessitant des efforts considérables et coûteux pour éliminer le dioxyde de carbone de l’atmosphère afin de remédier au dépassement des objectifs fixés par l’accord de Paris.

 

L’intégration du froid et du conditionnement d’air dans les CDN s’avère essentielle pour lutter efficacement contre le changement climatique. Selon le rapport de Surveillance du refroidissement mondial [2], les émissions liées au refroidissement s’élèvent à environ 2,8 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an, un chiffre qui devrait augmenter significativement avec la montée des températures mondiales et la demande accrue en solutions de refroidissement. En incluant dans leurs CDN des technologies de refroidissement écoénergétiques, telles que des climatiseurs à haute efficacité énergétique et des frigorigènes à faible PRP, les pays pourraient nettement diminuer leurs émissions. La Coalition pour le climat et l’air pur estime qu’en améliorant l’efficacité énergétique dans le secteur du refroidissement, les émissions pourraient être réduites de 1,5 milliard de tonnes d’équivalent CO2 par an d’ici 2030.

 

Le rapport du PNUE sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions indique que dans le secteur de l’énergie, un déploiement plus large de technologies solaires photovoltaïques et de l’énergie éolienne pourrait contribuer à hauteur de 27 % à la baisse des émissions totales en 2030, et de 38 % en 2035.

 

Dans le secteur industriel, les émissions pourraient être réduites de 31 % en 2030 et de 45 % en 2034 par rapport aux projections basées sur les politiques actuelles. Parmi les mesures d’atténuation figurent l’électrification du secteur et la transition vers des combustibles moins polluants, l’adoption de chaudières électriques et de pompes à chaleur industrielles permettant d’éviter potentiellement l’émission de 2,1 milliards d’éq. CO2 par an à l’horizon 2035.

 

Dans le secteur du bâtiment, les normes d’efficacité énergétique appliquées aux appareils et aux nouvelles constructions représentent la principale politique mise en œuvre pour accélérer l’atténuation des émissions. Dans les pays en développement en particulier, les émissions provenant des systèmes de chauffage, de ventilation et de conditionnement d’air pourraient diminuer de 0,5 milliard d’éq. CO2 par an d’ici 2030 et de 0,6 milliards d’éq. CO2 par an d’ici 2035 grâce à des mesures de gestion de la demande pour les nouveaux bâtiments et à une amélioration de l’efficacité des appareils. Dans les pays développés, le potentiel de réduction des émissions réside principalement dans la limitation de la demande énergétique et l’amélioration de l’efficacité des nouveaux bâtiments.

 

D’après les estimations, entre 1 300 et 2 100 milliards de dollars devront être investis chaque année d’ici 2035 dans des mesures d’efficacité énergétique pour la rénovation des bâtiments et les nouvelles constructions, des fonds importants devant aussi être consacrés directement aux systèmes de chauffage, de ventilation et de conditionnement d’air, aux chauffe-eaux et aux systèmes de cuisson.

 

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le rapport complet disponible sur FRIDOC ou sur le site internet du PNUE.

 

 

Sources

[1] PNUE. Rapport 2024 sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions. Arrêtons les paroles en l’air qui brûlent notre avenir, s’il vous plait ! https://www.unep.org/fr/resources/rapport-2024-sur-lecart-entre-les-besoins-et-les-perspectives-en-matiere-de-reduction-des

[2] Surveillance du refroidissement mondial 2023. https://iifiir.org/fr/fridoc/surveillance-du-refroidissement-mondial-2023-lt-br-gt-garder-la-tete-148330