Le protocole de Montréal, plus grande réussite des traités environnementaux : 40 ans d’impact planétaire

2025 marque le 40e anniversaire du protocole de Montréal, un accord international historique. Adopté en 1987 en vue d’éliminer progressivement les substances appauvrissant la couche d’ozone (SAO), cet accord a non seulement permis de préserver la couche d’ozone, mais a aussi eu d’importantes retombées positives sur le climat, faisant de lui la plus grande réussite des traités environnementaux. 

1. Une ratification universelle et un engagement mondial 

 

Le protocole de Montréal est le seul traité environnemental à avoir été ratifié par tous les pays du globe. Cette participation universelle a permis de coordonner une action d’échelle planétaire afin d’éliminer près de 100 SAO, dont les chlorofluorocarbures (CFC) et les hydrochlorofluorocarbures (HCFC), couramment utilisés dans le froid et le conditionnement d’air, ainsi que les aérosols. 

 

2. Des bienfaits significatifs sur l’environnement et la santé 

 

Grâce au protocole de Montréal : 

  • la couche d’ozone est sur la voie d’un rétablissement complet d’ici le milieu du siècle ; 
  • des millions de cas de cancer de la peau et de cataracte ont été évités ; 
  • l’exposition dangereuse aux rayons ultraviolets (UV) a été atténuée, protégeant ainsi les écosystèmes et l’agriculture. 

Une étude récente parue dans la revue Photochemical & Photobiological Sciences estime que sans le protocole de Montréal, l’indice UV aurait pu s’élever à 40 en 2100 dans certaines régions, contre un maximum actuel de 25,8 enregistré au Chili [1]

 

3. Des co-bénéfices climatiques  

 

Si son objectif initial était de protéger la couche d’ozone, le protocole de Montréal a également eu d’importantes retombées positives sur l’évolution du climat. De nombreuses SAO, comme les CFC, sont aussi de puissants gaz à effet de serre. Leur élimination progressive a permis d’éviter jusqu’à 0,5 °C de réchauffement, de retarder de 15 à 40 ans le premier été sans glace en Arctique et d’empêcher l’émission de 135 milliards de tonnes d’équivalent CO2 entre 1990 et 2010. Ces « co-bénéfices » soulignent le double rôle du protocole de Montréal, entre protection de l’environnement et atténuation du changement climatique [2]

 

L’amendement de Kigali (2016) a élargi la portée de son action en y incluant les HFC, augmentant encore davantage son impact sur le climat. 

 

4. Soutien financier et équité 

 

L’une des principales forces du protocole de Montréal réside dans sa structure coopérative, qui permet de combler le fossé entre les pays développés (article 2) et les pays en développement (article 5). Cette collaboration a été rendue possible grâce à la création du Fonds multilatéral en 1991, qui apporte une aide financière et technique aux pays visés par l’article 5, leur permettant ainsi de respecter leurs engagements en matière d’élimination de certains gaz. Le Fonds multilatéral a joué un rôle central pour veiller à une participation équitable et favoriser une confiance mutuelle entre les pays.  

 

En 2024, il avait dépensé plus de 3,9 milliards de dollars, dont 175 millions cette seule année pour soutenir 123 pays. De nouvelles initiatives ont en outre été lancées, telles qu’un programme de 100 millions de dollars et un fonds renouvelable de 40 millions de dollars, afin de promouvoir des technologies de refroidissement écoénergétiques, renforçant encore les objectifs du Protocole en matière de lutte contre le changement climatique et de soutien au développement [3]

 

5. Une gouvernance fondée sur la science et adaptative 

 

Le protocole de Montréal oriente son action à partir d’évaluations scientifiques régulières et a évolué au fil du temps par le biais d’amendements et d’ajustements. Son Comité d’application lutte contre la non-conformité avec l’accord grâce à la transparence et à la coopération [4]

 

6. Un modèle pour les accords environnementaux futurs 

 

On peut attribuer le succès du protocole de Montréal à plusieurs éléments : 

  • des objectifs clairs et réalisables ; 
  • des engagements contraignants ; 
  • un soutien financier et technique ; 
  • un fondement scientifique solide ; 
  • une flexibilité permettant de s’adapter à de nouveaux défis. 

Il sert de modèle pour les futurs traités sur le climat et l’environnement, démontrant que la coopération planétaire peut non seulement exister, mais aussi porter ses fruits. 

 

Alors que le monde célèbre les 40 ans du protocole de Montréal, l’IIF salue l’impact profond qu’il a eu, tant sur la protection de la couche d’ozone que sur l’action climatique. Son héritage continue d’inspirer l’innovation dans des technologies de production de froid et de refroidissement durables, en résonance avec la mission de l’IIF : promouvoir des pratiques respectueuses de l’environnement à l’échelle mondiale. 

 

 

Sources: 

[1] Madronich, S., Bernhard, G.H., Neale, P.J. et al. Continuing benefits of the Montreal Protocol and protection of the stratospheric ozone layer for human health and the environment. Photochem Photobiol Sci 23, 1087–1115 (2024). https://doi.org/10.1007/s43630-024-00577-8 

[2] Madronich, S., Bernhard, G. H., Neale, P. J., Heikkilä, A., Sulbæk Andersen, M. P., Andrady, A. L., ... Neale, R. E. (2024). Continuing benefits of the Montreal Protocol and protection of the stratospheric ozone layer for human health and the environment. Photochemical & Photobiological Sciences, 23, 1087–1115. https://doi.org/10.1007/s43630-024-00577-8 

[3] United Nations Environment Programme. (2024). Report of the Executive Committee of the Multilateral Fund for the Implementation of the Montreal Protocol to the Thirty-Seventh Meeting of the Parties: Annex. Ozone Secretariat. https://ozone.unep.org/system/files/documents/MOP-37-8_annex.pdf 

[4] United Nations Environment Programme. (2024). Systemic issues: Annex II – Advance copy, Implementation Committee, 74th meeting. Ozone Secretariat. https://ozone.unep.org/system/files/documents/IMPCOM-74-6E_AnnexII_advance.pdf