Renforcer la chaîne du froid agroalimentaire en Jordanie : dialogue politique et renforcement des capacités techniques
En tant qu’autorité scientifique mondiale en matière de froid, l’Institut international du froid accompagne ses pays membres à traduire les connaissances dans ce domaine en actions concrètes à impact. En Jordanie, l’IIF collabore avec la FAO et des partenaires nationaux afin de renforcer la durabilité de la chaînes du froid agroalimentaire grâce à un dialogue politique de haut niveau et un renforcement des capacités techniques par la pratique.
En réponse aux pressions croissantes liées au changement climatique, aux défis de sécurité alimentaire et à la hausse des coûts de l’énergie, la Jordanie prend des mesures concrètes pour renforcer les systèmes de sa chaîne du froid agroalimentaire. Fin novembre et début décembre 2025, l’Institut international du froid (IIF), en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Centre de recherche sur les énergies de la Société royale jordanienne des sciences (RSS/NERC), a proposé à Amman un programme exhaustif associant dialogue politique de haut niveau et formation technique pratique.
Ce programme s’inscrivait dans le cadre du projet de la FAO et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) intitulé « Improving market opportunities for domestic products through efficient supply chains, storage and distribution infrastructure » (Améliorer les opportunités commerciales des produits du marché intérieur grâce des infrastructures efficaces de chaîne d’approvisionnement, d’entreposage et de distribution), en cohérence avec le nouveau plan d’action national pour le refroidissement de la Jordanie et sa stratégie nationale de sécurité alimentaire. Il témoigne de la mission de l’IIF : diffuser les connaissances en matière de froid et aider les pays à mettre en place une chaîne du froid efficace, respectueuse du climat et assurant la sécurité alimentaire.

Un dialogue politique de haut niveau au sujet d’une chaîne du froid durable
Le programme s’est ouvert le 30 novembre 2025 par un dialogue de haut niveau réunissant des représentants de ministères clés, d’institutions publiques, d’organismes de recherche, du secteur privé et de partenaires internationaux.
L’objectif était de faire émerger une compréhension commune du rôle d’une chaîne du froid durable dans la réalisation des objectifs de la Jordanie en matière de sécurité alimentaire et d’adaptation au changement climatique. Les participants ont discuté de la manière dont le développement de la chaîne du froid peut favoriser la mise en œuvre du Plan d’action national pour le refroidissement et contribuer à réduire les pertes après récolte, à améliorer les revenus des agriculteurs et à renforcer la résilience tout au long des chaînes de valeur agroalimentaires.
Lors de la séance d’ouverture, la FAO a mis en évidence l’ampleur des pertes après récolte en Jordanie, en particulier pour les fruits et légumes, et a mis l’accent sur le fait que l’amélioration des chaînes du froid constitue l’une des solutions les plus efficaces pour remédier à ce problème. Les autorités jordaniennes ont souligné les liens étroits entre le froid, l’action climatique et le développement durable, tandis que le RSS/NERC a réaffirmé son rôle de centre technique national soutenant le déploiement de technologies écoénergétiques et respectueuses du climat.
Dans le cadre de ses contributions techniques, l’IIF a présenté les tendances mondiales en matière d’engagements en faveur du froid, de l’efficacité énergétique et de l’environnement, ainsi que leurs implications pour le développement de la chaîne du froid à l’échelle nationale. La FAO a partagé des connaissances pratiques issues de ses activités actuelles de soutien à l’agrologistique et à l’investissement en Jordanie, tandis que les acteurs du secteur privé ont présenté des solutions d’entreposage frigorifique modulaires, économiquement accessibles et adaptées aux marchés locaux ainsi qu’aux petites et moyennes entreprises.
Un panel de discussion spécial a permis aux représentants de ministères, d’instituts de recherche et de partenaires financiers d’aborder ouvertement les principaux enjeux du secteur, notamment :
-
la fragmentation des responsabilités entre les institutions et la nécessité de renforcer les mécanismes de coordination ;
-
le manque de données sur les pertes après récolte, sur la couverture de la chaîne du froid et sur les performances énergétiques ;
-
les obstacles rencontrés par les PME pour accéder aux financements, à une assistance technique et à des lignes directrices normalisées ;
-
le rôle potentiel des centres de recherches et des universités du pays dans la formation, l’expérimentation et la démonstration.
Ces échanges ont constitué un jalon important vers une collaboration interministérielle et public-privé durable autour des politiques et des investissements dans la chaîne du froid en Jordanie.
Une formation technique pour les professionnels de la chaîne du froid
À la suite du dialogue, une formation technique de deux jours a été organisée les 1er et 2 décembre 2025 dans les locaux du RSS/NERC à Amman, alliant séances en classe, démonstrations en laboratoire et visite de terrain.
Renforcement des capacités techniques
La formation s’adressait à des techniciens, ingénieurs et autres professionnels travaillant dans des entrepôts frigorifiques, des marchés de gros, des installations de transformation alimentaire et des entreprises spécialisées dans l’entretien des systèmes frigorifiques. Elle visait à renforcer les capacités en matière de conception, d’exploitation et de maintenance de systèmes de la chaîne du froid écoénergétiques et garantissant la sécurité sanitaire des aliments, ainsi qu’à établir un lien entre la théorie et la pratique sur le terrain.
Le RSS/NERC a organisé une session axée sur la sécurité, où ont été abordés les risques liés aux frigorigènes, les pratiques de travail sûres, les équipements de protection individuelle et les procédures d’intervention d’urgence. Les participants ont ensuite visité les installations du laboratoire, où ils ont pu observer divers équipements et instruments de suivi, avant de prendre part à une visite de terrain dans les entrepôts frigorifiques du marché central d’Amman. Cela a été l’occasion de discuter directement sur site des difficultés opérationnelles rencontrées au quotidien.


Expertise technique de l’IIF


Les principales séances techniques ont été assurées par Judith Evans, présidente de la section C de l’IIF (commissions C1 et C2), avec interprétation simultanée en arabe. Les thématiques abordées comprenaient notamment :
- les fondamentaux de la chaîne du froid agroalimentaire et de la gestion après récolte ;
- les conditions optimales d’entreposage pour différents produits et les stratégies de réduction des pertes ;
- les systèmes frigorifiques, leurs composants et la transition vers des frigorigènes plus durables et à plus faible PRP ;
- la mesure, le suivi et les indicateurs de performance de base pour la qualité des aliments et l’efficacité énergétique ;
- la conception de chambres froides, la résolution des problèmes liés à ces installations et leur entretien préventif.
La formation s’est conclue par une séance de clôture et la distribution de certificats de participation, reconnaissant ainsi l’engagement des participants en faveur de l’amélioration des pratiques de la chaîne du froid en Jordanie.
Messages clés et perspectives
Les retours des participants ont mis en évidence le grand intérêt de combiner dialogue politique et formation technique pratique, ainsi que l’importance des exemples concrets et des visites sur le terrain. De nombreux participants ont manifesté leur intérêt pour des modules de suivi axés sur la résolution de problèmes à un niveau avancé, les audits énergétiques et les procédures opérationnelles standard.
Sur la base des conclusions du dialogue de haut niveau et de la formation, plusieurs priorités ont été identifiées, les principales étant : le renforcement de la coordination entre les parties prenantes ; le développement des capacités en matière de frigorigènes naturels et à faible PRP ; le soutien aux PME dans leur préparation à des possibilités de financement ; ainsi que le passage décisif de la planification à la mise en œuvre du Plan d’action national pour le refroidissement et de la Stratégie nationale pour la sécurité alimentaire.
Grâce à cette initiative conjointe avec la FAO et le RSS/NERC, l’Institut international du froid a réaffirmé son engagement à accompagner les pays dans le développement d’une chaîne du froid durable qui protège les aliments, réduise les pertes et contribue aux objectifs d’adaptation au changement climatique et de développement.