« La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2024 » : le froid contribue à un approvisionnement durable en aliments aquatiques dans un contexte de production record
Les données de la FAO et de l’IIF soulignent l’importance de la chaîne du froid des produits de la mer pour la durabilité de l’approvisionnement en aliments d’origine aquatique jusqu’en 2050.
L’édition 2024 du rapport « The State of World Fisheries and Aquaculture », publié par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), analyse la situation et les tendances de la pêche et de l’aquaculture dans le monde jusqu’en 2022. En 2022, la production mondiale d’animaux aquatiques a atteint un nouveau record mondial, s’élevant à 185 millions de tonnes, soit une hausse de 4 % par rapport à 2020 [1]. Les produits halieutiques et aquacoles étant extrêmement périssables, il est crucial d’assurer une chaîne d’approvisionnement de qualité afin de réduire la pression sur les ressources aquatiques et favoriser la durabilité du secteur.
D’après la FAO, la congélation constitue la principale méthode de conservation des produits de la mer et de l’aquaculture destinés à l’alimentation : en 2022, elle représente 62 % des 93 millions de tonnes de production alimentaire aquatique transformée pour la consommation humaine [1] (63 % en 2020). En incluant les produits aquatiques vivants, frais ou réfrigérés, la congélation occupe la deuxième place.
Les méthodes de conservation et de transformation varient considérablement d’une région à l’autre. En 2022, dans les pays à revenu élevé, plus de 55 % de la production alimentaire aquatique d’origine animale servant à la consommation humaine était sous forme congelée. À l’inverse, dans les pays à faible revenu, les produits congelés ne représentaient que 7 %, tandis que 20 % environ était sous forme de produits salés, séchés ou fumés et près de 70 % était sous forme de produits vivants, frais ou réfrigérés.

La FAO évalue à des millions de tonnes les pertes annuelles de produits aquatiques, malgré d’importants progrès accomplis dans la transformation, les applications du froid et le transport. En 2011, la FAO avait estimé que jusqu’à 35 % de la production mondiale halieutique et aquacole était perdue ou gaspillée chaque année [1]. En 2017, selon l’IIF, 19 % des poissons et produits de la mer destinés à la consommation humaine avaient été perdus à cause d’une chaîne du froid insuffisante, en particulier en Afrique (47 %) et en Amérique latine (38 %) [2].
En Afrique et en Amérique latine, les pertes de production halieutique résultent principalement de l’inadéquation des infrastructures de conservation et de l’expertise. De façon alarmante, la FAO prévoit que les disponibilités en aliments aquatiques devront considérablement augmenter pour maintenir les niveaux de consommation par habitant de 2022 jusqu’en 2050 [1]. Une chaîne du froid plus étendue et plus efficace sur le plan énergétique pourrait réduire les pertes alimentaires de près de la moitié et donc limiter la nécessité d’augmenter la production [3].

Sources
[1] FAO. 2024. The State of World Fisheries and Aquaculture 2024 – Blue Transformation in action. Rome. https://doi.org/10.4060/cd0683en
[2] Sarr J., Toublanc C., Dupont J. L., Guilpart J. The sustainability of the food cold chain. Part 1- the carbon emission savings related to food losses reduction. Proceedings of the 26th IIR International Congress of Refrigeration: Paris, France, August 21-25, 2023. http://dx.doi.org/10.18462/iir.icr.2023.1172
[3] Sarr J., Dupont J. L., Guilpart J. The carbon footprint of the cold chain, 7th Informatory Note on Refrigeration and Food. Summary for policymakers. http://dx.doi.org/10.18462/iir.INfood07.04.2021