Réduire les pertes alimentaires après récolte en Afrique subsaharienne 

Pour renforcer la chaine du froid des fruits et légumes en Afrique subsaharienne, un article de synthèse recommande des mesures durables ainsi que le recours au pré-refroidissement. 

Selon les estimations de la FAO et de l'IIF, plus de 38 % des pertes alimentaires en Afrique subsaharienne se produisent lors de la production et du traitement après récolte. Une amélioration de la chaîne du froid permettrait de sauvegarder plus de 475 millions de tonnes d’aliments qui pourraient théoriquement nourrir 950 millions d’habitants par an.[1, 2] Un article de synthèse publié dans Horticulturae traite de la nécessité d'adopter et de renforcer les mesures de pré-refroidissement et d’entreposage frigorifique des fruits et légumes en Afrique subsaharienne.[2]

 

Comme première étape de la chaîne du froid, les auteurs recommandent le pré-refroidissement, qui est un refroidissement initial des produits alimentaires, juste après la récolte. Si les produits restent à température ambiante, ils se détériorent rapidement. S'ils sont stockés directement en chambre froide, leur température baissera trop lentement pour éviter la détérioration.[3] Le pré-refroidissement a été défini comme l'élimination de la chaleur de récolte des produits périssables afin de ralentir leur métabolisme et de réduire la détérioration avant le transport ou le stockage.[3, 4] 

 

Les auteurs soulignent également le fait que, lorsque cela est possible, l'utilisation d'électricité hors réseau, d'énergie renouvelable ou de structures à « énergie zéro » et de frigorigènes naturels doit être fortement encouragée.[2] L'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit que la capacité de production d'énergie renouvelable de l'Afrique subsaharienne va presque doubler entre 2022 et 2027. Cinq pays - l'Afrique du Sud, l'Éthiopie, la Tanzanie, l'Angola et le Kenya - représentent plus de 60 % de l'ensemble des nouvelles capacités en matière d’énergies renouvelables. Le solaire photovoltaïque et l'éolien représentent la majeure partie de la croissance de la capacité dans la région.[5] Par conséquent, l'utilisation de sources d'énergie verte hors réseau et rentables, telles que les technologies d’entreposage frigorifique à énergie solaire, pourrait être une voie appropriée pour étendre la disponibilité de la chaîne du froid en Afrique subsaharienne.[2] Par exemple, au Nigéria, l'entreprise sociale "ColdHubs" exploite depuis 2016 des chambres froides modulaires à énergie solaire. Ces unités peuvent prolonger la durée de conservation des produits frais de 2 à 21 jours, tout en fournissant des opportunités d'emploi pour les femmes (deux femmes par unité ColdHub étant requises). Il a été signalé qu'en deux ans de fonctionnement, environ 5800 tonnes de fruits et légumes ont été sauvées de la détérioration, et plus de 300 agriculteurs et commerçants ont presque doublé leurs revenus mensuels.[2] 

 

Dans leurs recommandations, Makule et al. ont également souligné l'importance de former les opérateurs et le personnel de traitement après récolte à l’utilisation et la maintenance en toute sécurité des équipements de la chaîne du froid, ce qui permettra d'éviter les pertes alimentaires et énergétiques inutiles.[2] D'autres parties prenantes devraient également être formées dans leur domaine d'activité, comme les petits exploitants agricoles, les sociétés de transport, les négociants/distributeurs, les transformateurs, les consommateurs finaux, les décideurs politiques, les institutions financières et les chercheurs.[2] 

 

Pour plus d’informations, l'article de synthèse est disponible sur FRIDOC, grâce à un accord avec MDPI. 

 

 

Le saviez-vous ? L'IIF coordonne actuellement un groupe de travail composé d'experts mondiaux chargés de produire un guide de bonnes pratiques sur la conception et l'exploitation de chambres froides pour l'agriculture dans les climats chauds, commandé par la Banque mondiale. Le futur guide sera une mise à jour du manuel de l'IIF sur l'entreposage frigorifique dans les pays chauds en développement (publié pour la première fois en 1990), qui est disponible sur FRIDOC

 

 

Sources 

[1] IIR. The Role of Refrigeration in Worldwide Nutrition—6th Informatory Note on Refrigeration and Food. International Institute of Refrigeration. 2020. https://iifiir.org/en/fridoc/the-role-of-refrigeration-in-worldwide-nutrition-2020-142029

[2] Makule E, Dimoso N, Tassou SA. Precooling and Cold Storage Methods for Fruits and Vegetables in Sub-Saharan Africa—A Review. Horticulturae. 2022; 8(9):776. https://doi.org/10.3390/horticulturae8090776 

[3] IIF/IIR. Manual of Refrigerated Storage in the Warmer Developing Countries. 1990. https://iifiir.org/en/fridoc/manual-of-refrigerated-storage-in-the-warmer-developing-countries-4153  

[4] Elansari, A. M., Fenton, D. L., & Callahan, C. W. (2019). Precooling. In Postharvest technology of perishable horticultural commodities (pp. 161-207). Woodhead Publishing. 

[5] IEA (2022), Renewables 2022, IEA, Paris https://www.iea.org/reports/renewables-2022, License: CC BY 4.0